Mon post du mois d’Aout
Éliminé en quarts de finale lors d’une nouvelle journée noire pour l’escrime tricolore, Yannick Borel avait pourtant, selon le DTN Eric Srecki, « les cartes en mains » face au Norvégien Bartosz Piasecki (15-14)
Quand on aime le sport, on attend avec impatience les Jeux Olympiques.
J’imagine que lorsque l’on est athlète de haut niveau, ce rendez-vous prend une ampleur considérable. Quatre ans de travail et de sacrifices qui vont se jouer sur une compétition regardée par le monde entier.
Comme tout bon supporter des sportifs français je m’installe devant ma télé et je profite de ce magnifique spectacle.
Quelle satisfaction de voir des exploits comme ceux de Tony Estanguet, des judokas et des nageurs Français, en attendant les handballeurs et je l’espère les basketteurs.
Cependant que de frustrations aussi. Car, si certains sont transcendés par cette compétition, d’autres semblent bloqués par l’enjeu et la pression.
Quand je regarde du sport, je ne suis jamais frustré de voir mon favori perdre. C’est la loi du sport, on joue, on gagne et on perd.
L’adversaire peut être meilleur, et de toute façon personne ne peut tout maitriser tout le temps.
Par contre quand je vois un athlète qui s’est préparé pendant 4 ans, perdre complètement ses moyens et entendre, comme trop souvent, les « experts » commentateurs nous expliquer à chaque fois que c’est un problème de rythme, de technique ou de physique, je ne comprends pas.
Je ne comprends pas comment un sportif de haut niveau peut encore de nos jours, travailler son physique et sa technique pendant des milliers d’heures et ne pas se préparer mentalement à gérer cette pression énorme.
Je ne comprends pas que malgré des déclarations édifiantes sur leurs carences mentales (voir article ci-dessous), nos sportifs continuent à croire qu’ils seront au top dans des compétitions ou il y a de tels enjeux, uniquement en abattant des heures et des heures de préparation physique et technique.
Extraits tirés des articles ci-après :« il est resté dedans jusqu’au bout », « J’ai fait beaucoup d’erreurs », « Je n’ai peut-être pas respecté mon adversaire », « Je me suis peut-être dit, ça y est, je le tiens », « Je me suis emballé et je me suis dit qu’il fallait que je me calme, mais ma main bougeait », « Lui, il y est allé, il n’a pas douté », «un manque de lucidité », « J’entendais beaucoup de conseils avant, mais là je ne les retrouve plus », « Je me suis vu médaillé trop tôt », « Je me suis mise la pression toute seule, comme une petite fille…, ça m’a mis en dedans », « Et tout d’un coup, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je me suis posée 10 millions de questions, en me disant que ce n’était peut-être pas fait pour moi… »
Ces déclarations ne parlent pas de technique ou de physique mais plutôt de certains aspects de la préparation mentale qu’il aurait été indispensable de travailler en amont:
- Savoir accéder et rester dans le « moment présent » (principe premier pour une concentration optimale
- Pour éviter de ressasser le passé (occasion ratée, erreur d’arbitrage, erreur technique, …) qui crée de l’énervement et diminue donc la lucidité.
- Ou de se projeter dans le futur (je vais gagner le match, une médaille, …) qui amène de la déconcentration et de la pression (la fameuse « peur » de gagner).
- Respecter et traiter tout adversaire d’égal à égal pour aborder les matchs avec confiance, sérénité et concentration contre n’importe qui. Pour éviter de se frustrer si l’on est mené par « moins fort » ou se décourager contre « plus fort » que soi.
- Déterminer des objectifs élevés et se donner les moyens d’aller les chercher et de jouer « la gagne ». Oser prendre des risques quand nécessaire tout en « acceptant » que perdre ou rater est une possibilité. Il est en effet très compliqué de prendre des risques si on n’est pas prêt mentalement à rater et donc à perdre.
- Bâtir une confiance en soi inébranlable et indépendante du résultat ou d’un mauvais geste technique pour que tout ne s’écroule pas « tout d’un coup » et que les questions (doutes) nous assaillent ou moment où il est trop tard pour douter.
- …
Il est difficile d’expliquer tout cela en quelques lignes, tant tous ces concepts sont complexes et dépendent de chaque individu.
Cependant une chose semble évidente : Si dans les moments importants, un sportif ne maitrise pas ce qui se passe « dans sa tête », comment peut-il espérer maitriser son corps et sa technique.
Yannick Borel: « On a des blocages »,
MERCREDI 1 AOÛT 2012, 15:09
Propos recueillis par Paul RougetDe Sports.fr, à Londres © Cliquez ici pour en savoir plus…
Éliminé en quarts de finale lors d’une nouvelle journée noire pour l’escrime tricolore, Yannick Borel avait pourtant, selon le DTN Eric Srecki, « les cartes en mains » face au Norvégien Bartosz Piasecki (15-14). L’épéiste guadeloupéen, meilleur performeur individuel français lors de ces Jeux, estime qu’il n’a peut-être pas « respecté son adversaire ».
Yannick, vous êtes passé tout près de la qualification pour les demi-finales. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Il a bien géré sa tactique de match il est resté dedans jusqu’au bout. J’ai fait beaucoup d’erreurs, je mène 6-2 et c’est moi qui le remets dedans. Je lui avais mis la tête sous l’eau et je lui ai ressortie. En plus ça m’était déjà arrivé lors d’autres matches, et j’y avais pensé avant. Je n’ai peut-être pas respecté mon adversaire. Je me suis peut-être dit: «ça y est, je le tiens», alors qu’on était au début du match. A 6-2, ce n’est pas fini. J’aurais préféré qu’il revienne à 6-6 au bout du troisième tiers. Et je n’ai pas pensé à une stratégie de match. Je me suis emballé et je me suis dit qu’il fallait que je me calme, mais ma main bougeait. Lui, il y est allé, il n’a pas douté. Il y a cru et c’est rentré. Mais je l’ai aidé à gagner.
Comment expliquez-vous ce scénario ?
Peut-être par un manque de lucidité. Je ne m’ouvre pas assez sur ce que les autres me disent. J’entendais beaucoup de conseils avant, mais là je ne les retrouve plus. Je me suis peut-être refermé un peu trop sur moi-même. On est aux portes des demies, aux portes des médailles et je me suis vu beau. Peut-être trop beau. Je me suis vu médaillé trop tôt. A 6-2 le match n’est pas fini, on a encore neuf touches à mettre. Mais je n’en ai mis que huit. J’aurais préféré rester plus longtemps sur la piste. J’avais peut-être la niaque, mais pas la précision.
JO 2012
Emane: « La médaille du courage »
MARDI 31 JUILLET 2012, 18:44
Propos recueillis par Paul RougetDe Sports.fr, à Londres ©
Éliminée au premier tour à Pékin en -70kg, Gevrise Emane a obtenu sa première médaille olympique en décrochant le bronze à Londres, en -63kg. Et même si la championne d’Europe en titre ambitionnait logiquement le titre suprême, elle se satisfait largement de cette place sur la troisième marche du podium, après une éreintante journée: « Peu importe la manière, l’essentiel était de repartir avec une médaille. »
Qu’est-ce qui n’allait pas le matin ?
Je me suis mise la pression toute seule, comme une petite fille… (rires)
Ça m’a mis en dedans, notamment au niveau du rythme. Parce que je faisais les choses, ça allait au niveau des mains, mais je n’avais pas de rythme. Du coup, c’était un peu mollasson. Et quand c’est mollasson dans ce genre de compétition, ça passe ou ça casse
Aviez-vous déjà la pression avant le début de la compétition ?
Non, ça allait au village. Mais mardi matin, j’avais déjà commencé à m’échauffer et je suis partie faire un tour. Et tout d’un coup, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je me suis posée 10 millions de questions, en me disant que ce n’était peut-être pas fait pour moi…