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Paul Pogba : le mental au cœur d’un retour au sommet

Nicolas Doger
juillet 10, 2025
Lecture de 3 minutes
Paul Pogba

Le retour de Paul Pogba sur les terrains professionnels, annoncé pour cet été, représente bien plus qu’un simple défi physique. C’est une épreuve humaine, émotionnelle et mentale. Après plus de deux ans d’absence, entre blessures et suspension, il est aujourd’hui face à un objectif immense : redevenir un joueur de très haut niveau dans un contexte où tout a changé, sauf peut- être une chose – sa détermination.

Dans une interview accordée à Flashscore France, Pier Gauthier, préparateur mental de haut niveau, met en lumière les véritables enjeux mentaux de ce retour. Ses propos éclairent de manière fine les rouages psychologiques d’un comeback aussi atypique que symbolique. En tant que préparateur mental, je partage pleinement son analyse, et je vous propose ici de revenir sur les points clés de son intervention — utiles pour tous ceux qui s’intéressent à la performance mentale des champions.

1. La puissance de l’objectif et la lucidité qui l’accompagne

Le premier levier essentiel pour espérer un retour réussi de Paul Pogba, c’est la clarté de son objectif. Aujourd’hui, il ne s’agit pas simplement de « rejouer », mais bel et bien de retrouver un niveau d’excellence, probablement avec en ligne de mire un retour en équipe de France. Mais cette ambition, pour être efficace, doit être accompagnée de lucidité.

Comme le souligne très justement Pier Gauthier, tout travail mental commence par une structuration de l’objectif :

« Pourquoi je reviens ? Qu’est-ce que je vise ? »

Ce questionnement n’est pas seulement technique, il est identitaire. Il permet au sportif de retrouver du sens, de nourrir sa motivation et d’ancrer un engagement durable. À ce niveau de compétition, chaque détail compte : se lever tôt, enchaîner les soins, affronter la fatigue et les doutes. Si l’objectif est flou ou mal calibré, tout cela perd en intensité. En revanche, un objectif clair donne une direction et transforme l’effort en investissement.

Mais il est essentiel d’éviter une confusion fréquente : un objectif ambitieux n’est pas nécessairement un objectif rigide. La frontière est ténue. Un objectif doit inspirer, mobiliser, mais non enfermer. Comme le dit Pier :

« Il faut qu’il soit bien travaillé, bien formulé, pour qu’il ne devienne pas une source de pression négative. »

Il ne s’agit pas d’un couperet : on peut très bien viser l’équipe de France, tout en acceptant que d’autres formes de réussite soient possibles si l’objectif final n’est pas atteint. Cette approche demande une grande maturité mentale — c’est là que l’accompagnement prend tout son sens.

2. La pression : ennemie ou alliée ?

Dès sa présentation à l’AS Monaco, Paul Pogba n’a pas caché l’intensité émotionnelle de son retour. Les larmes versées devant les caméras sont venues rappeler une vérité souvent tue dans le sport de haut niveau : le poids des émotions et de la pression est immense. Et dans le cas de Pogba, ce poids est encore amplifié par deux années de frustrations, de blessures, de soupçons et de doutes.

Mais faut-il craindre cette pression ? Pas nécessairement. Comme l’explique Pier Gauthier, elle est indispensable au plus haut niveau :

« Ce n’est pas une mauvaise chose de se mettre la pression. C’est même nécessaire. Il faut qu’il y ait de l’enjeu, du stress… C’est ce qui pousse un athlète à donner le meilleur de lui-même. »

Le rôle du préparateur mental est alors d’aider l’athlète à apprivoiser cette pression. À la canaliser plutôt que la subir. Si elle est mal gérée, elle peut devenir inhibante, voire destructrice. Mais si elle est intégrée comme une force motrice, elle permet au contraire de décupler les ressources.

Le danger principal réside dans l’écart entre les attentes internes (souvent très élevées) et la réalité physique ou contextuelle. Rechercher à tout prix son niveau de 2018, par exemple, pourrait générer de la frustration si le corps ne suit pas. C’est pourquoi il est fondamental de faire un travail sur l’acceptation du présent, tout en gardant l’œil sur le cap à atteindre. La pression devient alors une boussole, pas une bombe à retardement.

3. La gestion de l’échec : un apprentissage fondamental

Dans la culture du sport de haut niveau, l’échec est souvent diabolisé. Pourtant, il est inévitable. Il est même, très souvent, constructif. Là encore, le travail mental joue un rôle déterminant. Car le retour de Pogba ne sera probablement pas linéaire : rechutes, performances en dents de scie, critiques médiatiques… tout cela fait partie du chemin.

Pier Gauthier insiste sur un point clé :

« Il y a plein de gens très bien qui n’atteignent pas leurs objectifs, et ça se passe bien. L’essentiel, c’est le chemin, le sens et l’intention. »

C’est une leçon que de nombreux jeunes athlètes gagneraient à entendre plus souvent. L’important n’est pas de cocher une case (retour en équipe de France, par exemple), mais de rester fidèle à une trajectoire, de se sentir en mouvement, aligné avec ses valeurs et sa progression. Si l’objectif est mal formulé, il devient un couperet. S’il est bien posé, il devient une source d’énergie, même s’il n’est pas totalement atteint.

Pogba peut rater l’équipe de France… mais réussir son retour à Monaco, devenir un leader dans le vestiaire, transmettre à la jeune génération, retrouver du plaisir à jouer… Ce sont là autant de réussites parallèles qui méritent reconnaissance.

4. La clé de voûte : la motivation profonde

Enfin, un aspect fondamental du retour de Paul Pogba réside dans sa motivation intrinsèque. Après tout ce qu’il a vécu – blessures, affaires personnelles, éloignement des terrains – pourquoi revenir ? Pourquoi se battre encore ?

Ce “pourquoi”, ce sens profond, c’est ce que le préparateur mental aide à formuler, à raviver. Ce n’est pas la gloire ou l’argent. À ce niveau-là, c’est souvent plus intime, plus profond. Cela peut être la passion du jeu, le désir de transmettre, le besoin de prouver quelque chose à soi-même, ou simplement l’amour du sport.

Comme je le répète souvent dans mes accompagnements :

“Quand on reconnecte un athlète à son pourquoi, tout devient plus clair. Même les efforts les plus durs prennent un autre sens.”

Pogba devra affronter des séances longues, du travail invisible, des douleurs, peut-être des critiques. Il faudra accepter de ne pas briller tout de suite, de ne pas jouer tous les matchs. Mais s’il sait pourquoi il fait tout cela, il tiendra.

5. Un exemple pour d’autres sportifs en phase de rebond

Ce qui est intéressant avec le cas Pogba, c’est qu’il dépasse largement le cadre du football. Il illustre des problématiques universelles pour tout sportif confronté à un retour difficile :

  • Revenir après blessure,
  • Revenir après une suspension,
  • Revenir après une longue période sans compétition,
  • Ou plus généralement, rebondir après une période d’instabilité psychologique ou

Ce retour est un laboratoire à ciel ouvert du travail de résilience mentale. Et ce que Paul Pogba est en train de vivre, nombreux sont les athlètes — professionnels ou amateurs — qui le traversent à un moment de leur carrière.

Conclusion : un retour qui se jouera d’abord dans la tête

Le retour de Paul Pogba est passionnant à observer. Non pas seulement parce qu’il est un joueur exceptionnel, mais parce qu’il incarne ce que vivent de nombreux sportifs à un moment ou un autre de leur parcours : une remise en question profonde, un retour à soi, une lutte pour redevenir acteur de son destin.

À nous, préparateurs mentaux, d’être les alliés de ces trajectoires exigeantes, de les accompagner avec lucidité et bienveillance. Car derrière chaque grand retour, il y a un travail invisible, une force mentale que peu perçoivent… mais qui, souvent, fait toute la différence.

Nicolas Doger

Préparateur mental – www.coachingmental.fr

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