Ce 3 juin 2025, sur le court Simonne-Mathieu, la France du tennis a retenu son souffle, puis explosé de joie. Loïs Boisson, 21 ans, classée au-delà de la 120e place mondiale il y a encore quelques semaines, venait de signer un exploit retentissant : éliminer Jessica Pegula, numéro 3 mondiale, en huitièmes de finale de Roland-Garros. Score final : 6-4, 3-6, 6-3. Un choc, une démonstration où la jeune Niçoise a tutoyé la perfection. Mais au-delà de la performance, c’est l’histoire intérieure de cette victoire qui intrigue, fascine et inspire.
Car pendant plus d’une heure, Boisson n’a pas seulement bien joué. Elle était en état de “Zone”, ce moment où un athlète semble évoluer dans une autre dimension, totalement absorbé par le moment, libéré de toute tension, avec une clarté d’exécution et une fluidité qui frôlent la transcendance. Dans cet état optimal, tout semble simple, naturel, évident. Les choix tactiques s’imposent, les gestes s’enchaînent sans effort, le corps et l’esprit sont parfaitement synchronisés.
C’est exactement ce qu’a vécu Loïs sur le central, face à l’une des meilleures joueuses du monde.
Loïs Boisson accède à la "zone" : décryptage de sa performance mentale à Roland-Garros, par Pier Gauthier sur le plateau de L'Équipe du Soir
La “Zone”, un état intérieur travaillé et non un hasard
Cet état de zone n’est ni un hasard ni un miracle. Il est le fruit d’un travail mental structuré qui repose sur un travail de fond : développer un état d’esprit et un mode de pensée optimal pour performer sous pression.
Dans l’imaginaire collectif, la “Zone” serait un état inaccessible, réservé aux génies ou aux champions d’exception. Or, la réalité est toute autre : cet état se cultive. Il s’apprend, se prépare, se provoque même. À travers le développement de la confiance en soi, la gestion émotionnelle, la concentration, l’acceptation sur le fait que tout peut arriver perdre, gagner, rater, Loïs a peu à peu développé la capacité d’accéder à ce point d’équilibre fragile mais explosif entre concentration, relâchement et engagement total.
Comme si tout coulait de source”, a-t-elle confié en conférence de presse. “Je ne pensais pas au score, pas à l’enjeu. J’étais juste là pour jouer mon tennis.” Cette fluidité, cette facilité apparente est l’illustration parfaite de cet état de pleine présence, où la peur de mal faire, le doute ou le jugement n’ont plus leur place.
Lois a collaboré avec coachingmenta.fr sur ces sujets avant sa blessure , bien consciente que cet aspect de la performance est crucial pour évoluer au plus haut niveau.
Mais cet accès à la Zone n’est pas uniquement le fruit d’une méthode. Il est aussi le produit d’un vécu. Il y a un an à peine, Loïs Boisson se blessait gravement au genou : rupture des ligaments croisés. Une blessure longue, difficile, parfois décourageante. Et pourtant, ce coup d’arrêt a été un tournant. Car à travers cette épreuve, elle a compris quelque chose de fondamental : le tennis peut s’arrêter à tout moment. Cette blessure l’a aidée à remettre ce sport à sa juste place.
Depuis, Loïs joue différemment. Avec le même engagement, mais plus de recul. Elle ne considère plus le tennis comme une nécessité vitale, une obsession qui enferme, mais comme un jeu, une chance, un espace d’expression. “Oui, le tennis est important. Mais il n’est pas essentiel”, aurait- elle pu dire. Cette prise de conscience libératrice est au cœur de ses performances actuelles : elle joue sans peur de perdre, sans s’agripper à l’enjeu. Et c’est précisément ce lâcher-prise qui permet l’émergence de la Zone, cet état où les gestes sont fluides, la pensée claire, le relâchement total.
Elle joue pour jouer, et c’est là qu’elle devient dangereuse.
Un mode de pensée rare dans le tennis français
Ce qui frappe dans cette performance, au-delà de la dimension tactique ou physique, c’est la clarté mentale de Boisson. Alors que tant de jeunes joueuses françaises, dans une situation similaire, auraient joué la prudence ou “géré” leur émotion face à l’enjeu, elle a osé. Elle n’a pas reculé. Elle n’a pas eu peur d’exprimer son rêve. “Je veux aller au bout. Je veux gagner Roland-Garros”, a-t-elle déclaré sans détour au micro de France Télévisions.
Dans un pays où affirmer son ambition est encore souvent perçu comme de l’arrogance, Loïs assume, et c’est presque révolutionnaire. Là où l’on enseigne souvent aux jeunes à ne pas “avoir les yeux plus gros que le ventre”, elle affiche fièrement ses objectifs. Non pas par prétention, mais parce que ce rêve est devenu son moteur. Un repère, une direction. C’est cet alignement entre rêve, travail et état d’esprit qui l’a portée jusqu’aux quarts de finale.
La puissance d’une ambition assumée
Boisson casse les codes. Là où d’autres auraient été paralysées par l’enjeu, elle l’a utilisé comme un carburant. Et c’est aussi cela que permet la préparation mentale. Ne plus voir la pression comme un danger, mais comme une opportunité. Ne plus craindre l’échec, mais oser se confronter à son rêve. Être en paix avec ce que l’on ressent, savoir utiliser ses émotions pour qu’elles deviennent des leviers plutôt que des freins.
Dans ces moments, comme face à Pegula, la joueuse est totalement libre. Libérée du regard des autres, des attentes extérieures, de l’enjeu. Ce n’est plus une question de technique ou de stratégie uniquement : c’est une affaire d’état intérieur, de posture mentale. Et c’est dans cet état que les grandes performances prennent forme.
Quand tout s’aligne : physique, technique, mental
L’exploit de Boisson est la preuve éclatante de ce que le sport de haut niveau exige aujourd’hui : une triple maîtrise. Le physique, bien sûr. La technique, évidemment. Mais aussi : le mental. Trop souvent négligé, relégué à la marge, le travail mental est ce troisième pilier indispensable de la performance.
Et Loïs Boisson l’a parfaitement compris. Elle ne s’est pas contentée d’enchaîner les heures sur le court ou en salle. Elle a travaillé en profondeur sur sa manière de penser, de se concentrer, de se préparer émotionnellement. C’est cette démarche complète, rigoureuse, qui lui a permis d’être prête le jour J, de saisir l’instant et d’exprimer tout son potentiel.
Un message fort pour la nouvelle génération
Avec ce parcours, Loïs envoie un message puissant à tous les jeunes sportifs : rien n’est impossible quand on travaille sur tous les leviers de la performance. Le talent ne suffit pas. L’entraînement technique ne suffit pas. Le physique seul ne suffit pas et le mental seul ne suffit pas. Mais quand l’athlète parvient à développer une véritable conscience de soi, un état d’esprit adapté, et une sérénité intérieure, alors les frontières tombent.
Et plus encore : elle montre qu’il est possible, même en France, de penser grand sans être taxé d’arrogance. Que viser le sommet n’est pas une honte, mais une force. Que l’ambition n’est pas à cacher, mais à cultiver comme source de moteur intérieur puissant.
Et maintenant ?
En accédant aux quarts de finale de Roland-Garros, Loïs Boisson entre dans une nouvelle dimension. “Je sais que je suis capable de rivaliser avec les meilleures. Et je ne veux pas m’arrêter là”, a-t-elle déclaré, les yeux brillants. Elle rêve de Roland-Garros et elle est en train de l’écrire.
Et derrière cette belle histoire, il y a une réalité encore méconnue : le pouvoir de la préparation mentale. Elle a compris qu’atteindre la Zone ne relevait pas de la magie, elle en est aujourd’hui la preuve vivante.
Croire en soi, profondément
Loïs Boisson n’a pas simplement battu une top 5 mondiale. Elle a battu un mur mental que beaucoup de sportifs français n’osent même pas affronter : le droit de croire en son rêve, à voix haute, avec force et calme et sérénité.
Elle incarne une nouvelle génération de sportifs, pour qui la performance ne se joue pas uniquement sur le terrain, mais aussi dans la tête. Et si elle continue à avancer avec cette audace, cette lucidité et cet état d’esprit unique, alors oui, elle peut gagner Roland-Garros mais une chose est sûre c’est qu’elle s’autorise aussi à perdre.
Parce que ce rêve n’est pas une folie. C’est un projet. Une direction. Et désormais, une promesse.
Toute l’équipe de coachingmental.fr lui souhaite une bonne fin de Roland Garros et de réaliser son rêve.