Dans l’ombre des podiums et des projecteurs, de nombreux athlètes français et internationaux souffrent en silence.
La performance physique ne suffit plus : aujourd’hui, la santé mentale est un pilier essentiel de la réussite sportive. Pourtant, malgré une prise de conscience progressive, le chemin reste long pour créer un environnement pleinement adapté aux exigences mentales du haut niveau.
Un environnement en évolution trop lente
Les attentes qui entourent les sportifs professionnels sont toujours plus élevées : calendriers surchargés, pression des sponsors, exigence permanente du public…
Cet environnement ultra-compétitif pèse lourdement sur les athlètes et leur staff.
Malgré la libération de la parole de certaines stars du sport, beaucoup d’athlètes professionnels continuent de vivre leurs difficultés dans l’ombre :
- Blessures et longs processus de rééducation,
- Pression des résultats,
- Difficultés financières,
- Organisation logistique quotidienne (déplacements, entraînements, suivi médical).
Toutes ces responsabilités s’accumulent, alimentant une charge mentale souvent ignorée mais qui impacte lourdement leur recherche de performance.
Le rôle des fédérations françaises et des clubs
Face aux réalités économiques qui touchent les clubs sportifs français, la priorité est souvent donnée au développement du nombre de licenciés, ce qui est une bonne chose pour la démocratisation du sport.
Cependant, si certains efforts sont notables — notamment du côté de la Fédération Française de Rugby —, il est crucial de renforcer la sensibilisation de tous les éducateurs et entraîneurs, dès les premières années, à l’importance de la santé mentale dans la pratique sportive.
Trop souvent encore, on entend des entraîneurs qualifier des joueurs de « fragiles » s’ils fléchissent sous la pression. Cette mentalité doit évoluer.
Mettre en place des solutions, plutôt que pointer des faiblesses, est essentiel pour prévenir la souffrance psychologique des sportifs.
Prévenir plutôt que guérir
La prévention commence très tôt.
Développer la confiance en soi, sensibiliser à la gestion des émotions dès le plus jeune âge, encourager l’estime de soi dans la pratique sportive : voilà comment nous construisons les champions de demain, mais aussi des adultes équilibrés.
Une politique nationale forte, portée par les grandes instances sportives et éducatives françaises, est indispensable pour intégrer durablement l’accompagnement de la santé mentale dans le sport.
TÉMOIGNAGES : GRIEDGE MBOCK ET CARLOS ALCARAZ, SYMBOLES D’UNE PRISE DE CONSCIENCE
La défenseure internationale Griedge Mbock, dans sa chronique pour Ouest-France, évoque avec lucidité :
« Être prêt physiquement ne veut pas dire qu’on est prêt mentalement. »
Elle rappelle qu’après une grave blessure, elle a commencé à travailler avec un préparateur mental pour harmoniser son retour physique et mental sur les terrains.
Son témoignage met en lumière l’importance d’un accompagnement précoce et régulier, dès les premières sélections chez les jeunes.
Autre exemple frappant : Carlos Alcaraz, jeune prodige du tennis mondial.
Selon Boris Becker, la pression colossale subie par Alcaraz le place au bord de la dépression. Malgré ses succès, le poids du calendrier, la médiatisation, et les attentes sont des fardeaux psychologiques qui ne peuvent être ignorés.
Ces témoignages nous rappellent que la santé mentale est au cœur de la longévité et du succès des athlètes.
Le rôle clé du coach mental et du préparateur mental
En tant que coachs et préparateurs mentaux, notre mission n’est pas de traiter des pathologies (ce qui est du ressort des psychiatres et psychologues cliniciens), mais d’accompagner l’athlète dans son développement personnel et mental :
- Gestion de la pression,
- Maîtrise des émotions,
- Construction d’un environnement sain,
- Définition d’objectifs cohérents,
- Travail sur le rapport à l’échec et à la réussite.
Lors du premier entretien, il est fondamental de détecter si l’athlète relève de nos compétences ou s’il doit être orienté vers un professionnel de santé mentale.
Notre responsabilité est immense : respecter notre cadre de compétences est indispensable. Comme nous aimons le dire au sein de l’équipe coachingmental.fr :
« Le plus important pour nous, préparateurs mentaux, est de savoir rester à notre place et passer la main quand c’est nécessaire. »
La complémentarité entre accompagnement mental, thérapie et médecine est la clé d’une prise en charge réussie pour certains profils.
Conclusion : Accompagner, soulager, élever
Le coaching mental est une véritable source de mieux-être pour les sportifs.
Souvent, nos athlètes entament leur parcours avec un sac à dos invisible, rempli de pierres : blessures non digérées, échecs vécus dans la solitude, doutes profonds jamais exprimés.
Ce poids mental freine leur progression, mine leur confiance et, parfois, les pousse à l’abandon.
Au fil des séances, ce sac s’allège. L’athlète apprend à identifier ses ressources internes, à transformer la peur en moteur, à écouter son corps sans négliger son esprit. Il ne s’agit pas simplement de mieux performer, mais de mieux vivre sa carrière, son quotidien, son identité de sportif… et d’individu.
La santé mentale ne peut plus être perçue comme un luxe ou une option. Elle doit être intégrée comme une composante naturelle, indispensable, de la préparation globale de tout athlète, qu’il soit amateur, professionnel ou en devenir.
Les témoignages de figures comme Griedge Mbock ou Carlos Alcaraz ne doivent pas rester des exceptions médiatiques. Ils doivent devenir des déclencheurs collectifs pour repenser l’encadrement du sportif dans sa globalité.
Cela suppose un effort collectif :
- Des fédérations et clubs, pour structurer une politique de prévention et d’accompagnement durable ;
- Des entraîneurs et éducateurs, pour adopter une posture bienveillante, ouverte, et formée aux enjeux mentaux du sport moderne ;
- Des parents, pour encourager sans surprotéger, pour écouter sans juger ;
- Et des coachs mentaux, pour rester dans leur champ de compétence tout en jouant un rôle actif et complémentaire au sein de l’écosystème sportif.
À travers cet accompagnement, le sportif ne devient pas seulement un meilleur compétiteur : il devient un être humain plus autonome, plus résilient, plus aligné.
Investir dans la santé mentale sportive, c’est bâtir les champions de demain, certes.
Mais c’est surtout semer aujourd’hui les graines d’une société plus consciente, plus solidaire, et plus équilibrée.
Parce qu’un sportif épanoui est un modèle inspirant. Et que chaque esprit libéré crée un peu plus d’espace pour la performance, mais aussi pour l’humanité.
